Die Meistersinger von Nürnberg
James Levine | ||||||
New York Metropolitan Opera Chorus and Orchestra | ||||||
Date/Location
Recording Type
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Hans Sachs | James Morris |
Veit Pogner | René Pape |
Kunz Vogelgesang | Eric Cutler |
Konrad Nachtigall | Earle Patriarco |
Sixtus Beckmesser | Thomas Allen |
Fritz Kothner | John Del Carlo |
Balthasar Zorn | Jonathan Welch |
Ulrich Eißlinger | Charles Anthony |
Augustin Moser | Bernard Fitch |
Hermann Ortel | Thomas Hammons |
Hans Schwartz | LeRoy Lehr |
Hans Foltz | Richard Vernon |
Walther von Stolzing | Ben Heppner |
David | Matthew Polenzani |
Eva | Karita Mattila |
Magdalene | Jill Grove |
Ein Nachtwächter | John Relyea |
Stage director | Otto Schenk |
Set designer | Günther Schneider-Siemssen |
TV director | Brian Large |
The combination of the Metropolitan Opera and Otto Schenk equals a no surprise rock-solid traditional staging. 16th century Nürnberg looks like 16th century Nürnberg, the sets are sumptuous, exquisite, beautiful as well as historically correct (more or less) and the libretto is followed attentively. In short: Wagner as Wagner wrote it, no interpretation applied by the director. A refuge from all the troubles of everyday life right into 16th century Nürnberg.
However -Is there not more to Meistersinger than this? Some will say, this is enough: To follow the so-called “composers intentions”, though I secretly suspect Wagner quickly would have tired of 16th century Nürnberg and preferred some of the avant-garde stagings performed almost everywhere else…
Personally I´d prefer a director to provide new insights into the main characters and their relations. This may be done in 16th century Nürnberg as well as in a spaceship. But unfortunately it was not done/attempted here. Instead the singers look like being left to their own devices in developing their characters.Nevertheless, there are many things to like here, despite the cast as a whole suffers from the classic opera singer dilemma being an inverse relationship between singing and appearance. Ben Heppner and Karita Mattila sang well but both looked out of place. James Morris looked excellent but was not in good voice. Only René Pape and Thomas Allen both looked fine and sang well.
James Morris, voice apart, is a wonderful Hans Sachs. Dramatically his gently fatherly demeanor convinces, and I find his interpretation superb. However…He was not in good voice here. Strangely enough, most of his problems are in the lower register, being almost completely replaced by an intolerable wobble. This is the best portrait of the character Hans Sachs available on the DVD. But the actual singing..that´s the problem.
Again, Ben Heppner may have a glorious voice, but as a singing actor he is entirely uninteresting physically as well as dramatically. Even the vocal characterization is lacking, and furthermore there is absolutely no stage chemistry between him and Karita Mattila´s Eva. Vocally, Karita Mattila is ideal as Eva, and the mix of insecurity, shyness and childish naivety she displays is ideal for this part, but somehow she looks out of place in this production – the lack of believable stage interaction between her and both Heppner and Morris plays a not insignificant part here.
René Pape is the perfect Pogner, unless, of course, one takes offense of the fact that he, once again, is by far the youngest and best looking of the male cast (as well as the overall best singer) and isn´t even made up to pretend to look like anyone´s father. Looking towards the future, I do wonder how the part of Hans Sachs will eventually suit him – no doubt he vocally will be able to sing it (and sing it vastly better than anyone else as well), but does this part really suit him dramatically? Wotan and The Dutchman, no doubt yes. But Hans Sachs? Obviously, that remains to be seen.
Thomas Allen is a fine Beckmesser, both well sung and acted. Allen is an excellent physical comedian capable of conveying malice as well. He is the bad guy – no doubt.
James Levine, once again flashing the smooth and well-tuned Metropolitan Opera Orchestra with the highly polished, but ultimately unengaging sound. Admittedly, it is not easy to bring this score alive, but more sparkle is needed. For the truly beautiful and sparkling sound, go for Christian Thielemann. For the dynamic and engaging sound go for Daniel Barenboim. For the straight, non-sentimental approach go for Georg Solti.
This is by a wide margin the best Metropolitan Wagner opera on DVD (which admittedly does not say much).
The bottom line:
James Morris: 4
Karita Mattila: 4
Ben Heppner: 2
Thomas Allen: 4
René Pape: 5
James Levine: 4
Schenk´s staging: 3
Overall impression: 4
Qui ose encore donner les Maîtres chanteurs en version scénique ? En France, on compte les productions récentes sur les doigts d’une seule main : le Châtelet en 1990 avec José Van Dam en tête d’affiche, et le Capitole de Toulouse bien sûr en 2002 (un théâtre qui possède une stature internationale à défaut d’un label national). Je crains de n’avoir oublié personne… Bien frileux lorsqu’il s’agit du répertoire wagnérien, l’Opéra National de Paris, dont les directeurs successifs mettent également la tête dans le sable dès qu’on prononce devant eux le mot Tétralogie, s’est contenté d’une simple mise en espace la saison passée. Le miracle du Met, c’est que de tels ouvrages qui sont refusés obstinément à la plupart des publics font presque partie là-bas de l’ordinaire. Cette production avait été créée en 1993 et l’écho radiodiffusé de ces soirées mémorables nous était parvenu. Le DVD capté à l’occasion d’une reprise en 2001 nous permet désormais de juger de la réalisation scénique d’Otto Schenk, metteur en scène dont on sait ne devoir attendre ni relecture, ni même renouvellement du propos. On ne le regrettera que modérément ici car on sait que l’ouvrage est particulièrement rétif aux licences théâtrales. C’est sans doute la raison pour laquelle le festival de Bayreuth, où l’on est allé jusqu’à permettre au dernier iconoclaste à la mode de maltraiter Parsifal, s’en tient pour les Maîtres chanteurs au post – (Wieland) wagnérisme du petit frère devenu grand père.
La production du Met joue la carte illustrative et reconstitue la Nuremberg historique avec une minutie et un luxe inconcevables de ce côté-ci de l’Atlantique, où certains directeurs de salle infatués déclarent péremptoirement que ce type de présentation scénique doit être réservé à Holiday on Ice ou aux Folies Bergères… Il est vrai que dans ces Maîtres Chanteurs ne manque pas le plus petit accessoire, et il est vrai également que le spectacle fonctionne parfaitement, flatte l’oeil et peut, en outre, s’appuyer sur une direction d’acteurs conventionnelle, mais très précise et très efficace jusque dans les scènes de cacophonie parfaitement ordonnées. Ce type d’approche ne marquera pas l’histoire du théâtre lyrique, et n’en a d’ailleurs pas l’ambition, mais possède l’immense mérite de divertir le spectateur (noble occupation, quoi que certains puissent prétendre) et de lui permettre de suivre sans difficultés et sans aucune lassitude l’un des plus longs ouvrages du répertoire.
Le plaisir éprouvé par James Levine à diriger cet ouvrage est particulièrement visible sur cette captation. Le chef américain nous en propose une lecture d’une grande plénitude, sans surprise mais non sans gourmandise, aussi juste dans la solennité que dans la poésie. De la riche pâte qu’il obtient de son orchestre émergent avec une rare acuité les mille détails sonores qui donnent à cette partition un esprit inégalable. Je ne suis d’ailleurs pas certain qu’une seule oeuvre inscrite au répertoire soit en mesure de rivaliser avec les Maîtres chanteurs pour ce qui est du commentaire orchestral toujours spirituel et pertinent. En homme de théâtre consommé, James Levine veille également à un parfait équilibre entre fosse et plateau et mène toutes ses troupes vers le succès. Chapeau, Mister Jimmy !
Physiquement, le corpulent Ben Heppner n’évoque pas un Walther idéal (encore que cela soit infiniment moins gênant ici que dans le Tristan de Dieter Dorn), mais il en va tout autrement sur le plan vocal, où il conjugue avec un rare bonheur souplesse, lyrisme et vaillance. A une solidité sans faille, le ténor canadien ajoute en effet l’italianité de la ligne et la lumière dans l’aigu exigés par un rôle dans lequel seul Peter Seiffert a été capable de rivaliser avec lui au cours des dernières années. Dans cette production, Ben Heppner a succédé en 1995 à Francesco Araiza qui, deux ans plus tôt, avait formé un couple radieux avec Karita Mattila. Nous retrouvons ici la soprano finlandaise, Eva lumineuse à la voix de miel et aux aigus glorieux, qui lance le quintette avec une grâce indicible avant de nous offrir un “Keiner wie du” d’anthologie. Sa prestation reste un régal, même si sur le plan scénique d’autres rôles conviennent mieux aujourd’hui à sa féminité épanouie que celui de la virginale et minaudière fille de Pogner. A ses côtés, Jill Grove campe une Lene savoureuse, quoique parfois un peu trémulante.
On apprécie le lyrisme David, distribué comme il se doit à un Tamino (le sympathique et juvénile Matthew Polenzani) et non à un Mime, car l’apprenti est un maître chanteur en puissance. René Pape, visuellement un peu jeune encore pour le rôle de Pogner, s’affirme une nouvelle fois comme l’héritier de Kurt Moll pour le velouté du timbre, l’homogénéité et l’autorité de la voix. En dépit d’une certaine usure des moyens, Thomas Allen s’impose comme un mémorable Beckmesser. Admirablement servi par la caméra, il impose avec une force étonnante un personnage tantôt menaçant et tantôt pitoyable, mais jamais bouffon, à mille lieues de certaines caricatures. Excellent car parfaitement ambigu, il prend place aux côtés de l’inoubliable Hermann Prey (Beckmesser ici même en 1993 et 1995, et surtout filmé à Bayreuth en 1984) au sommet de la vidéographie du rôle. Son extraordinaire performance d’acteur atteint son apogée dans le concours, où chaque segment de son visage trahit l’angoisse et où chaque note exprime la détresse. Anthologique !
Wotan incontournable et souverain, James Morris a longtemps patienté avant d’aborder le rôle de Hans Sachs, conscient des difficultés vocales et psychologiques de ce rôle magnifique mais écrasant. A quelques broutilles près, il nous en offre une interprétation du plus haut niveau. L’éclat du timbre, la noblesse de ton et l’intelligence de l’interprète forcent le respect et l’admiration. Le baryton-basse de sa génération campe un Sachs encore jeune, sympathique poète et philosophe, avec la puissance et l’endurance nécessaires, qui lui permettent d’aborder le magnifique mais redoutable monologue final avec des ressources inentamées, mais aussi avec la précision d’un chanteur de lied dans son Wahn monologue superbement intériorisé. Pour un coup d’essai, c’est assurément un coup de maître.
Avec des seconds rôles efficaces, et des choeurs impeccables, nous tenons là une version incontournable des Maîtres chanteurs. Décidément, au Met, la Nuit des étoiles, c’est souvent…
Vincent Deloge