Tristan und Isolde

Armin Jordan
Choeur du Grand Théâtre de Genève
Orchestre de la Suisse Romande
Date/Location
February 2005
Grand Théâtre Genève
Recording Type
  live   studio
  live compilation   live and studio
Cast
Tristan Clifton Forbis
Isolde Jeanne Michèle Charbonnet
Brangäne Mihoko Fujimura
Kurwenal Albert Dohmen
König Marke Alfred Reiter
Melot Philippe Duminy
Ein junger Seemann David Sotgiu
Ein Hirt David Sotgiu
Steuermann Nicolas Carré
Stage director Olivier Py
Set designer Pierre-André Weitz
TV director Andy Sommer
Gallery
Reviews
Mostly Opera

Young French director Olivier Py has a surprisingly original take on Tristan and Isolde: In the bonus documentary we learn that the opera is about death, more precisely ”two teenagers committing suicide”, a concept clearly transformed to both sets and stage direction.

Everything in this production simply oozes of death. It is black and austere. In Act 1 we are on a sort of black bridge/terrace. In the particularly well-thought out Act 2, Tristan and Isolde pass through several rooms, reflecting on their state of mind, until they try to commit suicide together by (once again) drinking together, however they are caught in the act by King Marke. In the third act we see how people from Tristan´s previous life (his mother) and even himself as a boy passes before him.

Unfortunately, due to the exceptionally bad videography (shaky camera, odd close-up angles) viewers get no impression of what the staging was like for those in the auditorium. From the documentary we learn that a ship slowly traverses the backgound of the stage for the duration of Act 1 – something DVD-viewers got no impression of at all.

Musically the performance was lead by veteran-Wagnerian Armin Jordan (conducting the soundtrack to Syberberg´s Parsifal film in the early 80´s), who clearly has good understanding of the structure of the piece, but with a somewhat passive approach.

Fine performances from Jeanne-Michelle Charbonnet (Isolde) and especially Clifton Forbis (Tristan), who also managed to look the part. Also good performances from Mihoko Fujimura´s beautiful, but small-voiced Brangäne, Albert Döhmen´s Kurwenal and Alfred Reiters lanky and lethargic King Marke.

The main downside to this DVD is clearly the substandard videography. Unacceptably bad for a professional release. If you only plan on owning one (or two) Tristans, this one may not be among them, but it makes for interesting watching, not least due to the original and well-thought out staging.

The bottom line (scale of 1-5, 3=average):

Jean-Michelle Charbonnet: 4
Clifton Forbis: 4
Mihoko Fujimura: 4-5
Alfred Reiter: 3-4
Albert Döhmen: 4

Py´s staging: 4

Armin Jordan: 4

Overall impression: 4

Forum Opéra

Olivier Py transcende Tristan et Isolde et accède à la cour des grands

Accueillie avec enthousiasme, la production genevoise de Tristan und Isolde imaginée par Olivier Py en 2005, est aujourd’hui prolongée grâce à un DVD publié aux éditions Bel Air Classiques. Après Weber (Der Freischütz à Nancy en 1999), Offenbach (Les contes d’Hoffmann à Genève en 2001), Berlioz (La damnation de Faust à Genève en 2003) et Le vase de parfums de Suzanne Giraud (Paris 2004), l’enfant terrible de la mise en scène française s’est attaqué à ce qu’il considère lui-même comme « la plus belle partition du monde occidental », avec le regard neuf et radical que nous lui connaissons.

L’impressionnant dispositif scénique conçu par Pierre-André Weitz, son décorateur attitré, censé figurer un cargo (fantôme ?) dont nous verront les coursives, les cales, les cabines et le pont constitue un spectacle à lui seul. Comme toujours chez Py, le noir prédomine, l’acier et les tubulures n’étant que faiblement éclairés par des rais de lumière. L’atmosphère est crépusculaire, morbide et humide, l’élément aquatique étant omniprésent au troisième acte, en hommage à la cité lacustre (Venise, « la ville des cents solitudes profondes ») dans laquelle Wagner termina Tristan en 1859 et mourut le 13 février 1883. Ce bateau-fantasme, qui ramène Isolde et Tristan en Cornouailles (1er acte), dans lequel ils vont s’aimer (2ème acte) et près duquel Tristan succombera de ses blessures (3ème acte), permet à Py de construire un implacable huis clos, animé par une machinerie diabolique qui alterne les décors à la manière d’un travelling infini. La réalisation signée Andy Sommer, très inspirée du cinéma de Lars von Trier, inventeur du dogme (unité de temps et de lieu, images floues, éclairage naturel…), ne rend pas toujours compte avec exactitude de ce qui se déroule sur le plateau, mais celle-ci est en accord avec le propos novateur du metteur en scène. L’œil met du temps à s’habituer aux tremblements de la caméra, aux prises de vues compliquées, aux effets répétés (ralentis, plan fixes, images surexposées, philtres..), mais se laisse prendre par la magie de cette imposante représentation lyrique. A l’amour et à la mort qui lient Tristan à Isolde, sont ici associés le feu, la terre et l’eau qui accompagnent le couple comme autant d’épreuves rituelles imposées à leur impossible union. Pour incarner ces deux personnages mythiques et rendre crédible cette cérémonie funèbre et initiatique, Olivier Py dispose de talentueux passeurs.

Jeanne-Michèle Charbonnet, rousse et plantureuse Isolde, possède le physique et l’endurance du rôle, sans en connaître pour autant toutes les finesses et les subtilités. Sa voix apparaît large et robuste, mais les grands aigus plafonnent, le timbre est peu varié et l’arrogance de l’expression (1er acte) frise l’agressivité. Reconnaissons-lui un réel engagement et une belle capacité à jouer l’extase amoureuse, finalement transcendée par la mort.

Son héros a les traits un peu lourds de Clifton Forbis, dont la voix barytonnante et les accents gutturaux ne sont pas sans évoquer ceux de Ramon Vinay, légendaire Tristan, notamment à Bayreuth en 1952 avec Martha Mödl dirigé par Karajan. Quelque peu engoncé au premier acte, le ténor à l’allure impassible, révèle une fragilité touchante qui prend tout son sens pendant l’agonie du troisième acte, vécue avec un sens de la progression dramatique et un souffle remarquables.

Tout droit sorti d’un tableau viscontien, Alfred Reiter est un élégant Roi Marke, aux phrasés ondoyants, tandis qu’Alfred Dohmen prête à Kurwenal une onctuosité vocale et une humanité superbes. Inutile de chercher en Mihoko Fujimura, Brangäne légère de voix (présente dans la gravure Emi dirigée par Pappano avec Domingo et Stemme), les splendeurs ondulantes d’une Christa Ludwig ; plus appliquée, qu’inspirée, la cantatrice chante avec sincérité un rôle qui mérite cependant davantage d’implication.

A la tête de l’Orchestre de la Suisse Romande, Armin Jordan privilégie dès les premiers accords la rapidité, accélère la cadence et impose un élan et une élasticité instrumentale qui tourne le dos à la contemplation et aux étirements traditionnels. A l’opposé de Salonen, véritable alchimiste recherchant un discours minéral et magnétique (à Paris en 2005 avec Sellars, Meier et Heppner), Jordan regarde en avant, anticipe, prenant le risque de surprendre par une lecture nerveuse, parfois presque distante, à la limite de la froideur, mais tout aussi savante et parfaitement accomplie. Un moment rare.

François LESUEUR

ConcertoNet.com

Ceux qui s’attendaient à des extravagances ou à des provocations ont été déçus : l’iconoclaste metteur en scène a compris que le chef-d’œuvre wagnérien était un opéra de l’intériorité et s’est surtout attaché à expliciter scéniquement ce que disent la musique et le texte. Au premier acte, le bateau est noir, comme la voile, éclairé par quelques néons : n’oubliant pas que la lumière y est haïe et redoutée, Olivier Py a conçu un Tristan ténébreux, où domine la pulsion de mort. On voit la nef glisser sur l’eau, entraînée vers le port par un irrésistible destin. La robe de mariée d’Isolde, accrochée à son portemanteau, a quelque chose de dérisoire, comme le bouquet de Marke à la fin alors que Tristan et Isolde se sont enfin reconnus – très belle scène où l’érotisme passe par de très subtils jeux de mains, à la fois impatientes et timides. Au deuxième acte, tout continue à glisser ; les deux amants passent ainsi d’une chambre à l’autre, obscure ou blanche de lumière, qui peut tenir du galetas ou de la grotte, où la mort reste omniprésente même au plus fort de la passion – dont l’intensité brûlante est suggérée sans être exhibée. Là encore, contrepoint avec l’arrivée de Marke, roi puissant et toujours aussi dérisoire avec son manteau de fourrure, ses gardes du corps et ses chiens, défait ensuite par la douleur. Au troisième acte, le château, vaguement gothique, rappelle un peu le vaisseau du premier acte ; mais l’eau, cette fois, a envahi le plateau : eau originelle, matricielle, d’où émergent les fantômes de l’enfance qui peuplent le délire de Tristan, d’où semble émerger aussi, comme du plus profond des âges, « le vieil air » du cor anglais (dont le remarquable Sylvain Lombard, devenu le double du Berger, joue sur scène). Plus rien ne glisse cette fois, comme si le temps s’était arrêté pour faire place à celui d’avant la naissance et à celui d’après la mort. Et la transfiguration d’Isolde se fera dans l’obscurité, assomption vers le ciel ou le néant. Tout en restant fidèle à lui-même, le metteur en scène a évité la surenchère de signes et de symboles dont souffrent trop de productions actuelles, à laquelle lui-même a pu parfois succomber, au profit d’une lecture finalement très sobre, même si tel ou tel détail a pu paraître inutile – la bagarre avec les hommes de Marke à la fin, dans le style arts martiaux, n’a aucun intérêt.

Tout aussi subtile, la direction transparente d’Armin Jordan adopte le même ton intimiste, respectant scrupuleusement les nuances de la partition, très attentif aux timbres, à l’équilibre entre les pupitres, dirigeant un peu Tristan comme il dirigerait Pelléas, montrant bien tout ce que Debussy devra à Wagner. En bon chef de théâtre, il veille à ne jamais mettre les chanteurs en difficulté, sachant bien que l’âge d’or du chant wagnérien appartient à un passé de plus en plus lointain. Chez Jeanne-Michèle Charbonnet, c’est l’aigu qui pèche, soit qu’il soit pris trop bas, soit qu’il se dérobe, notamment au début du duo du deuxième acte. On s’en étonne, car la voix est ample et riche, avec un très beau médium, l’émission assez souple. Et l’interprétation convainc par sa noblesse et sa sincérité, sans rien d’outré dans le premier acte. Ceux qui s’apprêtaient à déplorer un vibrato un peu large ont rendu les armes quand ils ont entendu le Tristan de Clifton Forbis, puissant mais instable, parfois à la limite de la justesse, surtout dans le duo du deuxième acte où il frise plus d’une fois l’accident. Il assume mieux – comme la plupart des Tristan n’ayant pas vraiment les moyens du rôle – le monologue du troisième acte, trop prudent malgré tout pour l’habiter vraiment. Et comme Alfred Reiter est un Marke bien pâle, tant vocalement que scéniquement, nos suffrages vont surtout à la Brangäne de Mihoko Fujimura et au Kurwenal d’Albert Dohmen, superbes l’un et l’autre, de voix, de style et de présence.

Didier van Moere

Neue Zürcher Zeitung

Fieberträume, Lichträume

Schon im Vorspiel fällt der leise, helle Ton auf; nichts wirkt hier erhitzt, auch wenn der Spannungsverlauf klar zu spüren ist. Zusammen mit seinem früheren Chefdirigenten Armin Jordan legt das hervorragend disponierte Orchestre de la Suisse romande seinen Teil an Richard Wagners «Tristan und Isolde» in einer Weise aus, die sich vielleicht doch französisch nennen liesse. Sorgsam wird die Lautstärke kontrolliert (wozu der maximal heruntergefahrene Orchestergraben das Seine beiträgt), mit Gefühl werden die Akzente gesetzt (sie erhalten dadurch fast überdeutliche Wirkung), klar werden die Instrumentalfarben herausgestellt (weshalb Wagners Orchester hier ausgesprochen bunt klingt) – und vor allem wird die fliessende Chromatik pointiert aus der Linie heraus gestaltet, das heisst: Die harmonische Wirkung wird als Ergebnis melodischer Entwicklung und kontrapunktischer Verflechtung gezeigt. Selten kann man in einer Aufführung dieses Werks so viele Verästelungen, so viele Zurufe durch Nebenstimmen wahrnehmen, wie es an diesem Abend im Genfer Grand Théâtre geschieht.

Damit wäre die Voraussetzung für eine Produktion gegeben, bei der auch etwas vom Text zu verstehen wäre. Aber ach, das Liebespaar kommt aus den Vereinigten Staaten, und vor allem der Tenor hinterlässt den Eindruck, er verstehe nicht, was er singt. Bei Clifton Forbis scheint die Sprache tief in der Kehle zu sitzen, die Konsonanten treten fast nicht in Erscheinung, und auch die Vokale unterscheiden sich kaum voneinander – wie wenn es keine Rolle spielte, wovon Tristan singt. Und in den leisen Bereichen wirkt die Stimme seltsam unkonturiert, gestört auch durch waberndes Vibrato. Aber stählerne Kraft kann der Sänger jederzeit einsetzen – auch im dritten Akt, obwohl er sich nirgends geschont hat. Ähnlich, wenn auch nicht so zugespitzt, liegen die Verhältnisse bei Jeanne-Michèle Charbonnet, die mit ihren rötlichen Zapfenlocken aber eine ausgesprochen aparte Erscheinung abgibt und sich auf der Bühne mit bemerkenswerter Agilität bewegt. Ihre Stimme ist fast die eines Mezzosoprans; jedenfalls neigt sie, was bei der Partie der Isolde seltener anzutreffen ist, zum Tiefen und zum Dunklen, wenngleich sie mit der Höhe keine Probleme hat.

Um diese nicht unproblematische Konstellation gruppiert die von Jean-Marie Blanchard geleitete Genfer Oper nun allerdings eine sehr spezielle Besetzung. Type casting sozusagen, aber vom Stimmlichen her. Mit Albert Dohmen steht Tristan ein bärenstarker, ganz und gar erdverbundener Kurwenal zur Seite; «die sind breit», singt er mit Donnerstimme von seinen Schultern, und man glaubt es ihm auf Anhieb. Jedes Wort ist hier verständlich, darum fallen auch die hässlichen Verformungen des U so stark auf. Ganz anders Marke, der gern mit einem tiefen Bass besetzt wird; Alfred Reiter verfügt über eine leise, hohe, äusserst gepflegte Liederstimme von samtenem Klang und gibt den König mit seinem weissen Smoking und dem opulenten Pelzmantel als eine Mischung aus Dandy und Intellektuellem. Und für die Partie der Brangäne ist mit Mihoko Fujimura eine Sängerin verpflichtet, die, ebenfalls gegen die Gepflogenheit, über eine fast mädchenhaft jugendliche Stimme verfügt; die Begleiterin Isoldes ist hier keine Amme, sondern eine junge Frau, der das entbehrungsvolle Wächteramt vor dem Liebesnest keineswegs leicht fällt.

So wäre vom Musikalischen her eine ungewöhnlich beziehungsreiche Ausgangssituation gegeben, von der aus sich eine ganz auf die Figuren konzentrierte Inszenierung denken liesse. Allein, der französische Regisseur Olivier Py schlägt das Angebot aus; die Personenführung kommt bei ihm von der Stange, was vor allem dem zugegebenermassen schwierigen dritten Akt schadet. Hier behilft er sich mit einer Fülle an erfundenen Nebenfiguren, die allesamt aus (hoffentlich lauwarmem) Wasser auftauchen und symbolschwere Requisiten auf die Bühne tragen; überhaupt ist der Boden ganz und gar mit Wasser bedeckt, was vor allem den Zuschauer beengt, weil er um die da und dort rutschenden Darsteller bangt. Das sind ebenso lächerliche Mätzchen wie die beiden fiependen Schäferhunde und ihre Wächter, von denen sich Melot (Philippe Duminy) beim grossen Coup am Ende des zweiten Akts begleiten lässt.

Wenn das Szenische dennoch einen spannenden Beitrag zu diesem Genfer «Tristan» bietet, dann mit seinen immer wieder überraschenden Raumwirkungen. Der Ausstatter Pierre-André Weitz arbeitet mit scharfen Kontrasten: zwischen Schwarz und Weiss, zwischen eng und weit. Der erste Akt scheint auf einer durchgestylten Luxusjacht mit blitzendem Chrom und schwarz lackiertem Wellblech zu spielen. Und interessant ist hier, dass sich das Vergehen der Zeit, vielleicht auch Wagners unendliche Melodie, in langsam kontinuierlicher Bewegung des Bühnenbilds spiegelt; fast unmerklich wechseln die Schauplätze – und umso unausweichlicher wirkt dann der Moment, da Tristan und Isolde zum Liebestrank greifen. In ähnlicher Weise wird das grosse, szenisch fast nicht zu bewältigende Liebesduett im zweiten Akt als eine erträumte Wanderung durch schwarze und weisse Zimmer gezeigt; und wenn dann Marke mit Gefolge auftritt, weitet sich die Bühne mit einem Mal bis an die Brandmauer – ein grandioser Effekt. Mit Raum und Licht: Auch so lässt sich Oper machen.

Peter Hagmann | 12.2.2005

Rating
(5/10)
User Rating
(3/5)
Media Type/Label
BelAir
Technical Specifications
720×408, 1.7 Mbit/s, 2.7 GByte, French subtitles (MPEG-4)
Remarks
Telecast (Mezzo)
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